- BÉHÉMOTH
- BÉHÉMOTHBÉHÉMOTHPluriel du mot qui désigne, en hébreu biblique, les animaux domestiques («bétail» dans le récit de la Création, Gen., I, 24). Dans le livre de Job (XL, 15), Béhémoth prend l’allure d’un pluriel intensif et mythique: il désigne la Bête par excellence, la force animale que Dieu le créateur peut seul maîtriser, mais dont la domestication échappe à l’homme. Béhémoth semble évoquer l’hippopotame, animal qui, selon les bas-reliefs égyptiens, s’avançait jadis jusqu’en Basse-Égypte.Comme monstre mythique, Béhémoth, joint à Léviathan, est d’origine babylonienne: tous deux représentent les deux monstres primordiaux du chaos, Tiamat et Kingu de la mythologie babylonienne.On retrouve Béhémoth dans la littérature apocalyptique juive, au seuil de l’ère chrétienne. À partir de l’Énoch éthiopien (LX, 7-9), il a des qualités distinctes de celles de Léviathan; celui-ci conserve les caractéristiques de monstre aquatique qu’il avait déjà, Béhémoth prend celles, qu’il n’avait pas à l’origine, d’un monstre terrestre. Dans Baruch syriaque (XXIX, 4), il est dit que les deux êtres, apparus au cinquième jour de la Création, seront servis en nourriture aux justes au grand banquet messianique. La même idée se retrouve dans le IVe Livre d’Esdras (VI, 47).⇒BÉHÉMOT(H), (BÉHÉMOT, BÉHÉMOTH)subst. masc.Lang. biblique. Animal fantastique (assimilé tantôt à l'éléphant ou au rhinocéros, tantôt — et plus fréquemment — à l'hippopotame égyptien) qui dans le livre de Job symbolise la toute-puissance de Dieu, puis, selon les traités de démonologie, l'esprit du Mal. Le rut des béhémots et les maelstroms épais (RIMBAUD, Poésies, Le Bateau ivre, 1871, p. 130) :• Et les hippopotames (...) vinrent avec les béhémoths jusqu'au pied du rocher, et rugirent hautement et effroyablement sous la lune.BAUDELAIRE, Nouvelles histoires extraordinaires, trad. d'E. Poe, 1857, p. 360.— Littér. Les tramways se ruent, béhémots aux prunelles incandescentes (J. MORÉAS, P. ADAM, Demoiselles Goubert dans PLOWERT 1888).PRONONC. ET ORTH. :[
]. Écrit béhémoth dans la majorité des dict. Seul Lar. encyclop. écrit béhémot.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1732 relig. (Trév. : Béhémoth [...] Nom Hébreu, que l'on a retenu dans des versions Françoises de la sainte Écriture [...] Les uns croyent que Béhémoth est l'éléphant, ils se fondent sur ce que dans l'endroit de la sainte Écriture où il est parlé de Béhémoth, il s'agit de donner une grande idée de la puissance de Dieu, ce qui se fait en parlant des deux plus grands animaux que Dieu ait créez, Leviathan et Béhémoth; la baleine entre les poissons, et l'éléphant entre les animaux terrestres. D'autres pensent que Béhémoth signifie en général toute sorte de bête d'une grandeur énorme).Mot hébr., transcrit tel quel (behemoth) la Vulgate (Job, 40, 10 dans TLL s.v., 1780, 54).STAT. — Fréq. abs. littér. :1.ÉTYM. 1732, comme nom propre; mot hébreu utilisé dans le Livre de Job, 40, 10.❖♦ Relig. ou littér. Animal fantastique symbolisant la toute puissance (d'abord de Dieu [Livre de Job], puis du mal). — REM. Comme nom commun, le mot, employé par quelques écrivains, désigne vaguement un animal terrible, maléfique.0 Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieuesLe rut des Béhémots et les Maelstroms épais (…)Rimbaud, le Bateau ivre, Pl., p. 102.
Encyclopédie Universelle. 2012.